Reconduction de la chaire Elsa Pact pour 4 ans

La chaire ELSA-PACT sur la mise en œuvre de l’Analyse du cycle de vie (ACV), est reconduite pour un nouveau cycle de 4 ans afin de poursuivre les travaux initiés dans la chaire 1 sur la période 2014-2018. Philippe Roux, ingénieur de recherche à Irstea Montpellier, et Titulaire de la chaire 2, revient sur les principaux résultats obtenus et les nouveaux objectifs fixés.

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Chaire industrielle en analyse du cycle de vie : des résultats et déjà une suite

La chaire ELSA-PACT sur la mise en œuvre de l’Analyse du cycle de vie (ACV), est reconduite pour un nouveau cycle de 4 ans afin de poursuivre les travaux initiés dans la chaire 1 sur la période 2014-2018.

Philippe Roux, ingénieur de recherche à Irstea Montpellier, et Titulaire de la chaire 2, revient sur les principaux résultats obtenus et les nouveaux objectifs fixés.

Dans un contexte de transition vers une économie circulaire, la chaire ELSA-PACT, rassemblant chercheurs, enseignants et entreprises, vise à accompagner les industriels de l’eau, de l’agroalimentaire et de la gestion des ressources à s’approprier l’Analyse du Cycle de Vie (ACV), méthode dédiée à l’évaluation des performances environnementales et sociales des produits et services.

Après quatre années de travail ayant permis de produire des outils techniques et d’accompagner les entreprises et les collectivités dans une montée en compétence sur l’ACV, la chaire ELSA-PACT est reconduite sous une nouvelle forme pour 4 ans. Quatre partenaires industriels, Suez, Bonduelle, BRL et la Société du Canal de Provence, ont déjà signé pour la reconduction de la chaire et d’autres sont actuellement en négociation.

Philippe Roux, titulaire de la chaire 2 ELSA-PACT nous en dit un peu plus.

Quelles avancées a permis la chaire 1 ELSA-PACT dans le domaine de l’Analyse de Cycle de Vie (ACV) ?

Philippe Roux : Sur le plan scientifique, des avancées très importantes ont été réalisées sur l’empreinte eau grâce au travail de 3 thèses et d’un post-doctorat. La Chaire a aussi été très active au sein du groupe d’experts international WULCA, en travaillant sur l’établissement d’une approche consensuelle sur l’empreinte eau grâce à la méthode AWARE. AWARE est devenu l’indicateur de référence adopté par les agences environnementales européennes (JRC, Ademe, etc.) et internationales pour la mesure en ACV de l’empreinte eau des produits et services. ELSA-PACT a aussi permis de caractériser la toxicité humaine et l’écotoxicité d’une centaine de micropolluants que l’on retrouve dans les eaux et qui n’étaient pas pris en compte par l’indicateur USETOX (indicateur d’impact de référence dans l’ACV pour la toxicité et l’écotoxicité).

ELSA-PACT a aussi produit une publication de référence sur la manière de combiner les approches locales (types études d’impact) avec l’ACV qui mesure les impacts globaux depuis l’extraction des ressources naturelles jusqu'à leur utilisation et leur fin de vie. Par exemple, l’étude d’impacts d’une station d’épuration, conduite seule, pourrait inciter à utiliser des traitements très poussés pour préserver au mieux la qualité environnementale des milieux aquatiques. La solution ainsi retenue serait la meilleure localement, mais si elle est très énergivore et nécessite des infrastructures conséquentes, cela pourrait générer de nombreux impacts aux quatre coins de la planète pour produire cette énergie et ces technologies. A contrario, l’ACV capte très bien ces transferts de pollutions tout au long des cycles de vie des produits et services, mais sa pertinence locale est très faible pour identifier précisément les contraintes environnementales locales. En combinant les deux, on peut trouver le meilleur compromis entre minimiser les impacts environnementaux locaux et ne pas trop générer d’impacts globaux.

La chaire a aussi permis plusieurs avancées sur l’ACV social qui est une science très jeune, et pour laquelle les travaux d’ELSA-PACT et d’Irstea dans ce domaine sont très novateurs.

Quelles sont les applications concrètes pour les partenaires ?

Philippe Roux : Le principal but de la chaire ELSA-PACT est de partager les connaissances entre le monde académique et celui des entreprises à partir de formations, de colloques et de conférences pour que les partenaires montent en compétences et en expertise sur l’ACV. On forme ainsi les éco-concepteurs de demain en leur fournissant des métriques environnementales et sociales pour quantifier les impacts de leurs projets et leur fournir ainsi des éléments d’aide à la décision sur ces deux dimensions trop souvent négligées.

Cet accompagnement passe aussi par des outils opérationnels et lors de la chaire 1 nous avons conçu deux logiciels d’ACV pour l’eau. Le premier, ACV4E, permet aux collectivités d’évaluer les impacts des systèmes d’assainissement et de comparer différentes filières. Il a reçu le Trophée de la Recherche Energie Environnement Climat, organisé par l'ADEME au salon World Efficiency 2015. Le second, WASABI, est encore en cours de développement et est actuellement testé chez certains de nos partenaires. Il permet de faire un diagnostic environnemental des systèmes d’eau à l’échelle d’une ville ou d’un territoire. C’est en cela qu’il est un précurseur des outils qui vont contribuer à la transition vers une économie circulaire où les déchets d’un secteur sont les matières premières d’un autre. C’est pour cette raison que WASABI se place à l’échelle du territoire et combine différents usages de l’eau : domestique, industriel et agricole. Ainsi il sera possible, par exemple, d’évaluer les performances environnementales de la réutilisation des eaux usées traitées (REUT), ou de la valorisation des nutriments ou du contenu énergétique des eaux usées.

Enfin, deux guides techniques seront bientôt disponibles à destination de l’Agence Française pour la Biodiversité (AFB) sur la mise en œuvre de l’ACV pour l’aide à la décision dans le choix des filières d’assainissement et sur sa mise en œuvre dans les schémas directeurs d’assainissement.

Comment va se construire la chaire 2 d’ELSA-PACT ?

Philippe Roux : La chaire-1 (2014-2018) était un projet de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) très orienté recherche et où tout avait été défini au préalable lors du dépôt de projet. La chaire-2 (2019-2023) sera beaucoup plus agile puisque ses actions pourront être co-construite avec les partenaires industriels tout au long des 4 années et ainsi mieux répondre à de nouvelles problématiques émergeantes. Sur le plan juridique, elle bascule sur un fonctionnement mécénal adossée à la Fondation SupAgro. Une première réunion aura lieu avec les partenaires le 19 juin pour lancer la dynamique et définir les actions des 6 prochains mois.

Le cœur de la chaire-2 est de mettre à disposition des entreprises des outils et des métriques environnementales et sociales pour contribuer à la nécessaire transition vers une économie circulaire. Pour cela, ELSA-PACT a pour mission de développer des méthodologies ACV scientifiquement fondées et consensuelles et de les opérationnaliser à travers des outils, des formations et des enseignements à destination des industriels et des collectivités.

A noter qu’il est encore tout à fait possible de rejoindre la Chaire et de devenir partenaire ELSA-PACT jusqu’à la fin de l’année.

Consultez le projet de la chaire ELSA-PACT-2 pour plus de détails.

Publiée : 07/06/2019